Le visible mending est une pratique qui consiste à réparer les vêtements de façon volontairement visible. Pour moi, ce geste est bien plus qu’un simple travail manuel ou un choix esthétique : c’est un acte porteur de sens, qui se croise avec mes convictions féministes, ma passion pour les histoires et mon engagement pour une mode plus durable.
Le Visible Mending : une métaphore puissante du combat féministe
Quand je répare un vêtement en mettant en valeur ses cicatrices, je ne fais pas qu’embellir un textile. Je raconte une histoire, je fais de l’imperfection une force, et j’honore la résilience. Cela résonne profondément avec ma vision féministe.
Pendant longtemps, les femmes ont été reléguées dans des espaces invisibles, cantonnées à des rôles “domestiques”. La broderie, la réparation, le reprisage, étaient souvent perçue comme un art mineur, lié au foyer et non à la scène artistique.
Dire que l’imperfection a de la valeur, c’est aussi une manière de dire que les femmes, dans toutes leurs diversités et leurs histoires, ont une place essentielle dans le monde.
Réparer comme un acte de résistance
Réparer un vêtement n’est jamais anodin. C’est refuser une société qui valorise l’éphémère et le jetable, où tout, y compris les êtres humains, semble être traité comme une ressource consommable.
Chaque point de broderie que je pose sur un vêtement est une petite victoire contre cette logique : une manière de prendre soin, de ralentir, de refuser de jeter.
Ce que j’adore avec le visible mending, c’est qu’il invite à voir autrement : il montre que ce qui est abîmé n’est pas condamné, mais peut au contraire être transformé et sublimé.
Broder pour revendiquer
Souvent, dans mes créations, j’ajoute des citations ou des phrases qui entrent en résonance avec mon vécu ou mes émotions.
C’est une manière pour moi de prolonger cette longue tradition des femmes qui, à travers les siècles, ont brodé dans le silence pour exprimer ce qu’elles ne pouvaient pas dire autrement. Aujourd’hui, ces mots deviennent des revendications. Ils transforment des vêtements du quotidien en manifestes discrets mais puissants.
Des ateliers pour partager et se reconstruire
À l’Atelier Kanine, mes cours de broderie et de visible mending ne sont pas seulement des espaces pour apprendre une technique. Ce sont des moments de transmission, de partage et parfois même de transformation personnelle.
Redécouvrir la satisfaction du geste manuel, une nouvelle manière de voir nos vêtements.
Ces ateliers sont aussi des espaces où je partage des savoir-faire oubliés et où je célèbre la richesse de chaque création unique. C’est ma manière de dire : nous avons tous en nous la capacité de réparer, de créer, de raconter.
Visible Mending et féminisme : une même quête de durabilité et de respect
Pour moi, le visible mending et le féminisme partagent une même quête : celle d’un monde plus juste, où rien ni personne n’est invisible ou jeté.
Réparer un vêtement, c’est interroger nos valeurs. Pourquoi valoriser ce qui est neuf et uniforme, et dévaloriser ce qui est unique et marqué par l’histoire ? Pourquoi invisibiliser les efforts, les cicatrices et les récits ?
Dans mon travail, chaque vêtement réparé est une métaphore : il montre qu’avec de l’amour et du soin, on peut transformer ce qui semblait abîmé ou oublié en quelque chose de beau et de durable.
Réparer pour se reconstruire
Dans ce monde où tout va trop vite, le visible mending est un appel à ralentir. C’est une invitation à regarder les choses autrement, à voir la beauté dans les cicatrices, à honorer les histoires derrière chaque objet.
Et au-delà des vêtements, c’est une manière de réfléchir à nos propres vies. Ce qui a été abîmé, que ce soit un tissu ou une partie de nous, peut toujours être réparé, transformé, sublimé.
Découvrez mes créations, mes ateliers et mes réflexions sur le site atelierkanine.com ou sur https://www.instagram.com/kanine.mending
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